LONE STAR
Vous vous souvenez de cette affaire impliquant United Oil au Texas et ses liens avec la création de la Lone Star ? À la fin des années 2010, Lone Star Security Services apparut à Corpus Christi en tant qu’agence privée de maintien de l’ordre. Corpus Christi, au Texas, fut la première ville à recourir à une compagnie privée pour se charger intégralement du maintien de l’ordre dans toute la ville. Cette même année fut officiellement fondé le Métroplexe de Seattle ; le maire, Charles C. Lindstrom, devint gouverneur.
En ce qui vous concerne, vous qui habitez Seattle, sachez que vos policiers sont entrés en grève en 2025. Mauvais calcul, parce que le maire déclara la grève illégale, les vira tous, puis engagea la Lone Star pour assurer les opérations de police. Depuis, ils se sont répandus comme des cancrelats à travers toute l’Amérique du Nord.
UN APERÇU TECHNOLOGIQUE
Le système de vote à distance fut mis en service pour l’élection présidentielle de 2024. Bien que le président d’alors, Jarman, ait remporté une victoire écrasante, ses opposants crièrent à la fraude électorale. Personne n’y prêta attention, tout le monde voulait juste un peu de paix et de calme, merci bien, et votre serviteur en faisait partie.
Le grand bond technologique eut cependant lieu entre 2026 et 2029. Sony Cybersystems, Fuchi Industrial Electronics et RCA-Unisys produisirent toutes des prototypes de cyberterminaux destinés à s’interfacer avec le réseau global. C’est bien ça, les enfants, la première génération de connexion neurale aux grilles de données. Ces trucs étaient énormes, nécessitaient des caissons d’isolation, de multiples prises de contact, plusieurs points de connexion pour l’opérateur, etc. Seuls les meilleurs hackers de l’armée et du renseignement corporatiste purent toucher à ces jouets et ils en sortirent fous, leurs cerveaux ne pouvant pas gérer le choc. Mais des millions de dollars, beaucoup d’entraînement et quelques années de peaufinage des systèmes rendirent la chose assez sûre pour que la CIA, la NSA et l’IRS décidèrent de regrouper leurs ressources pour créer une équipe de « cybercommandos » du nom d’Echo Mirage. N’importe qui possédant un cerveau pouvait deviner à quelles fins ce groupe serait utilisé. Cela n’arriva heureusement jamais… mais la mission qu’ils durent remplir à la place n’était pas vraiment un cadeau.
LE CRASH DE 29
Le 8 février 2029, le pire virus informatique de l’histoire frappa les réseaux d’ordinateurs du monde entier. Ils s’effondrèrent et plantèrent, le virus effaçant les données et cramant même parfois le matériel. Comme de nombreux gouvernements, services et corporations dépendaient largement des réseaux mondiaux pour l’accès et le stockage des données, la communication et plus encore, ils se retrouvèrent presque tous au bord du gouffre. Une véritable infocalypse.
Echo Mirage entra en action contre le virus par décret présidentiel. Malheureusement, la plupart des membres du groupe n’étaient pas prêts à ce combat, manquant de flexibilité et trop linéaires dans leurs schémas de pensée pour riposter efficacement. On s’en rendit vite compte avec l’état psychologique des victimes. Les grands pontes devaient trouver
du sang neuf. La nouvelle équipe, dirigée par le major David Gavilan de l’US Air Force, était composée de trente-deux hommes et femmes issus de divers milieux, mais qui partageaient au moins une chose : la capacité de penser en dehors du moule. Têtes brûlées, spécialistes des recherches de données, hackers, ils étaient tous brillants à leur façon, les meilleurs
qu’on puisse trouver. En août 2029, ils s’immergèrent, prêts à casser du code. Pourtant, dix-huit minutes après avoir engagé le virus en cybercombat, quatre d’entre eux étaient déjà morts des suites d’un biofeedback létal. Alors qu’Echo Mirage réussissait facilement ses missions, le virus se révéla difficile à éradiquer, et plusieurs membres de l’équipe
perdirent la vie.
De l’autre côté du mur virtuel, les logs étaient analysés en permanence pour comprendre comment améliorer les programmes et le matériel utilisés au combat. À l’aide de ces études, on a tous pu se rendre compte comment le virus générait du biofeedback mortel ainsi que la manière dont les membres d’Echo Mirage réussissaient à se glisser dans et hors de n’importe quel système pris pour cible (ce qui alarma de nombreuses personnes qui s’imaginaient que leurs systèmes étaient à l’abri de toute intrusion). Je n’ai pas besoin de vous dire à quel point ces données ont été réutilisées : vous en avez déjà vu une partie sous la forme de CI Noires. En tous cas, grâce à ces connaissances, une grosse partie du hardware fut réduite à la taille d’un bureau et rendit inutiles les caissons d’isolation sensorielle. Vers la fin de l’année 2031, Echo Mirage parvint à détruire les derniers vestiges de code viral.
La plupart des survivants disparurent par la suite dans le privé, emportant avec eux la plus grosse partie de leur savoir. Seuls quelques membres connus refirent surface ; personne ne sait où sont les autres aujourd’hui. Je sais que certains pensent que j’en ai fait partie : j’aimerais bien que cela puisse être vrai, parce qu’ils comptaient parmi les personnes les plus exceptionnelles que j’aie jamais rencontrées.