L’INCIDENT DU LONE EAGLE
Les plus radicaux des Américains d’origine constituèrent le Mouvement souverain amérindien (MSA), pour combattre
« l’invasion » corporatiste. Ils se contentèrent surtout de beaux discours jusqu’en 2009, jusqu’à ce que United Oil Industries finisse par posséder les ressources pétrochimiques d’un dixième des réserves restantes. Excédé, le MSA riposta en prenant le contrôle d’un silo de missiles de la base de l’Air Force de Shiloh, dans le nord-ouest du Montana et menaça de tirer les missiles si le gouvernement américain et les corpos refusaient de leur rendre les terres qui leur avaient été volées.
Comme on pouvait s’y attendre, le gouvernement fit mine d’engager des pourparlers et envoya une équipe anti-terroriste
Delta Force, qui parvint à reprendre le silo, sans empêcher toutefois le lancement « accidentel » d’un missile balistique intercontinental Lone Eagle en direction de la République de Russie.
Tout le monde était persuadé que c’était le début de la fin, mais contre toute attente, les ogives n’atteignirent jamais leurs cibles. Aujourd’hui encore, personne ne sait ce qui s’est passé, même si un bon million de théories ont été échafaudées
et que tout le monde (moi compris) ait tenté en vain de découvrir la vérité. Quand l’opinion publique eut vent des événements, « l’incident du Lone Eagle », comme on le nomma, devint un instrument de propagande contre le MSA et tous les Américains d’origine.
Non content d’être insultant, le gouvernement américain fit encore plus de mal en approuvant le Re-Education and Relocation Act (Loi de rééducation et de relocalisation) quelques mois après sa proposition à la fin de l’année 2009. Cette loi mettait à l’écart toute personne liée de près ou de loin au MSA. À la même époque, le Parlement canadien votait le Nepean Act, légalisant les camps d’internement pour Américains d’origine. Les deux lois furent utilisées à outrance, et des centaines d’Amérindiens innocents furent envoyés dans des « centres de rééducation » au cours de l’année 2010. Nombre d’entre eux ne revinrent jamais. Ce n’est qu’un an plus tard que les survivants devaient être libérés.
UNITED OIL
Dans le même temps, les vrais coupables devaient faire face à de gros problèmes au Texas. Il semble que ce soit une bande d’anciens ouvriers au chômage et privés de toit, qui ait finalement réussi à pénétrer dans le siège de United Oil Industries pour exiger que les « corporations fascistes » soient tenues responsables des problèmes financiers et de la criminalité de Dallas. En réponse à cette menace manifestement démesurée, le gouverneur du Texas envoya les équipes d’assaut des Texas Rangers. Une fois la poussière retombée, les autorités de l’État approuvèrent les lois qui donnaient carte blanche aux forces de sécurité corporatistes pour répondre aux intrus armés.
Et le Texas n’était pas un cas isolé : dans d’autres endroits du monde, des lois similaires étaient votées, créant des milices urbaines équipées d’armement militaire, et autorisant les résidents à signer des contrats avec des sociétés de sécurité privées pour défendre leurs quartiers en employant des moyens létaux. Si cela vous dit quelque chose, c’est parce qu’il s’agit de la base sur laquelle a été formée la Lone Star, qui rassemble les flics-à-louer les plus cordialement détestés.
2005 - 2006 : LE JAPON IMPÉRIAL
Mais revenons un instant aux années 2005-2006. Le Japon émergeait tout juste de la récession, pour redevenir une grande puissance. En 2005, la Corée du Sud, soutenue par des corporations japonaises, déclara la guerre à la Corée du Nord. Et que fit la Corée du Nord ? En 2006, elle tira des missiles sur le Japon, dans l’espoir que les Japonais abandonnent leur soutien aux Sud-coréens. Les missiles n’explosèrent pas (dingue comme ça arrive, en ce moment !) et l’invasion de la Corée
du Nord fut terminée avant la fin de l’année. Fort de sa victoire, le Japon prit le nom d’État impérial du Japon, une évocation claire de l’époque glorieuse qui avait précédé la Seconde Guerre Mondiale.
Ce n’était pas tout. Le Japon impérial déploya ensuite la première flotte de satellites à énergie solaire capables d’alimenter par micro-ondes des récepteurs au sol. Cette méthode relativement bon marché permit d’atteindre des régions isolées et offrit au Japon la capacité théorique de pouvoir prendre le contrôle économique du Tiers-Monde. Par la suite, le Japon redevint une puissance militaire, puissance qu’elle devait exercer plus tard sur les populations des Philippines et de San Francisco. Retenez bien ce point.