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 Intros, et mises en lumière des protagonistes...

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Phil

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MessageSujet: Intros, et mises en lumière des protagonistes...   Intros, et mises en lumière des protagonistes... Icon_minitime07.01.10 9:59


La soirée était bien entamée quand Yasmine ouvrit les yeux, réveillée par le bruit de l’averse battant contre la fenêtre de son appart. Le carreau, brisé à de nombreux endroits, avait été soigneusement rafistolé par ses soins, et du coup, ne fuyait presque pas. En plus d’être fine couturière, elle faisait également une bricoleuse dégourdie. Un pré-requis dans les Redmond. Elle mit un petit moment pour se souvenir où elle était, et reconnaître l’appartement pourtant familier de Madeleine, sa tendre marraine de cœur, terrassée quelques mois auparavant par sa leucémie.

Elle ne se rappelait pas s’être endormie. Elle avait dû sombrer d’un coup. Un sommeil lourd, noir et sans rêves... Faut dire que la nuit dernière avait été plutôt tendue. Essayant de rassembler ses pensées, le crâne au bord de l’explosion et l’estomac hurlant sa faim, la géante bleue se leva péniblement. Déployant son jeune mais robuste corps, plusieurs mètres de courbes épanouies et pas loin de quatre-cents kilos de féminité exaltée, Yasmine ferma les yeux, inspira profondément, et tenta, en vain, de chasser les vapeurs de la nuit précédente au Daisy Chain. Elle émit un grognement involontaire quand elle renversa au passage quelques uns des innombrables mannequins peuplant son modeste appartement, comme une foule bigarrée de clients sans têtes ni membres attendant, figés, le début de soldes imaginaires. En quête de soycaf et d’aspirine, elle se dirigea vaguement vers la « cuisine », à savoir une antique plaque électrique du siècle dernier, posée sur une commode ouverte sur le devant faisant office de garde-manger. Incapable d’attendre l’heure d’approvisionnement en électricité, Yasmine se versa, impatiente, une choppe de café synthétique presque froid qui, agrémentée de quelques pilules d’aspirine certainement périmée, la libérera, espérait-t-elle, de son mal de tête. Installée dans son fauteuil, devant son plan de travail jonché d’étoffes, et buvant machinalement sa potion, son esprit vagabondait, les dernières vingt-quatre heures lui arrivant par flash.


« C’t’entrepôt, c’est la planque de ces sales Seoulpa dans not' zone ! »… Montée de testostérone dans la voix de Kador, le chef ork du gang du coin... « Demain soir, on les bousille ! Mais y’vont pas s’laisser faire ces fils de putes »…. Lèvres qui se retroussent…. « Faut qu’tu nous aides, Yas »… « On a b'soin d'ta... magie »...

Sentiment d’impuissance... Profonde tristesse… « Ok, je serai présente »…Sourire de Samer, bras droit de Kador, noyé d'adrénaline et de testostérone... Avances perverses et moites de l’hobgobelin, souriant toujours... Nostalgie de l’enfance...


Même soir, quelques heures plus tard, avec ses potes de teuf... « Yeeeeee ! On a pé-cho d’la bombe tonight, darling ! »... Les yeux de Ned complètement déments... CYN, la jeune elfe new-yorkaise, et un club kid inconnu riant comme s’ils étaient les complices d’un crime sordide... Un patch... Smiley aux défenses d’ork... « Ride on, sugar, and feel my Tempo! Ahahah! »... Mauvaise vibe... « Pas pour moi, merci, Ned »...


Un rail... Néons « Le Daisy Chain »... La foule impatiente... Infrabasses qui transpercent les corps... Lieu gigantesque... La foule frénétique... CYN en pleine montée... Vocaux hypnotiques... Un rail... « Où est Ned ? »... Explosions de couleurs et de mana... Holos d’Hommes-Araignées et de Dévas Etincelants ... « Qu’est-ce t’as dit ? »... La foule en transe... Uplifing... Auras étranges... BPM en override... Frissons glacés... Mauvaise vibe... Club kids qui convulsent... La foule trop compacte... Ned qui révulse seul sur une banquette, son aura au bord du breakdown... Infirmiers paniqués... Médecines classiques et chamaniques sans effet... Sentiment d’Impuissance pour la deuxième fois de la journée... Ramène Ned chez lui, peut-être déjà mort... Profonde tristesse, pour la énième fois de sa vie...



Un frisson la parcourut quand elle revint à elle. La pluie s’était calmée, et à en croire l’obscurité de la pièce et de la rue, il n’y aurait pas de courant électrique ce soir. Après avoir allumé quelques bougies de sa confection, elle resta un long moment dans le calme rassurant de son appartement, comme un refuge à peu près sec en pleine tempête. Elle regarda l’écran de son commlink. Il était 21h, encore 2 heures et elle se retrouverait au milieu de toute cette fureur, cette soif meurtrière de pouvoir, ce besoin viscéral de domination et d’humiliation, qui faisait malheureusement mais irrémédiablement partie de la vie de gang, qu’elle vivait malgré elle et par la force des choses. L’affrontement de ce soir promettait d’être sanglant. Il fallait qu’elle se résigne à l’idée de voir encore d’autres gamins mourir ce soir.

Elle avait encore deux heures à elle et sa tête avait arrêté de la faire souffrir. C’était déjà ça.


*********


- Accrochez-vous, on y va !, lança Lookid au Johnson, d’une voix ferme et assurée, en faisant vrombir sa Mirage alors que les icônes RA du réseau InfoGrid déployaient l’intégralité de leur itinéraire sur son afficheur rétinien.

Le Johnson, croisement d’un punk et d’un rat de données d’une trentaine d’années, s’est exécuté immédiatement, et s’est mis à serrer la taille du Samouraï des Rues, peut-être plus fort que nécessaire, d’après ce qu’indiquait l’indice de pression cutanée du bio-moniteur de Lookid. Johnson devait certainement paniquer. Et ça devait être le cas dès qu’il l’a vu entrer dans le bar, quelques heures plus tôt. Avec le temps, Lookid avait appris à reconnaître les Johnson sérieux des bouffons comme celui qu’il avait derrière lui. Sur le papier, engager un street sam’, c’est toujours pénard, ça rassure. C’est presque marrant. Mais dès qu’arrive le « Sam » en question, votre vision des choses change radicalement. Avoir devant soi une machine à tuer en chair et en chrome, un pur produit de la technologie ayant peu à peu effacé toute trace d’humanité au profit du ratio « menaces neutralisées/objectifs atteints » vous fait brutalement réaliser que vous ne contrôlez que très relativement la situation, et vous rappelle surtout le degré d’emmerdes qui vous a poussé à faire appel à Monsieur Cyber-Propre. Généralement, ça faisait flipper les débutants. Ça n’avait pas loupé : Johnson était en Defcon 1, ce soir, à en juger son état.
En bref, ça sentait la run foireuse à des kilomètres. En temps normal, Il aurait certainement refusé un tel job. Mais ce n’était pas ce que l’on pouvait appeler une période où il pouvait faire la fine bouche. Ces six derniers-mois ont été un vrai cauchemar financier, surtout pour payer la pension de sa Jenny, sa fille de 13 ans, vivant chez sa mère. Depuis que les autorités des UCAS lui avaient témoigné leur gratitude de ses quinze années de bons et loyaux services en réduisant sa pension d’ex-militaire à la portion congrue, à savoir tout juste de quoi s’acheter un flingue et une balle pour se faire sauter la cervelle, son train de vie avait accusé une sacrée baisse.

- Putain de technocrates ! lança-t-il à lui-même.
- Quoi ? résonna la voix du Johnson dans les haut-parleurs intégrés dans son casque de moto.

Lookid avait oublié l’espace d’un instant qu’ils étaient tous les deux, de sa propre initiative, en sub-vocal.

- Ne vous en faîtes pas. Je poussais seulement mon cri de guerre.
- Votre cri de guerre ?
- Laissez-tomber… Dites-moi, c’est vous qui avez choisi la zone pour l’échange ou c’est votre client ? reprit Lookid, qui ayant interrogé son moteur de recherche, regardait défiler les articles en rapport, de prêt ou de loin, avec l’adresse vers laquelle ils roulaient.
- Non, ce n’est pas moi, pourquoi ?
- Parce qu’on se dirige tout droit vers une zone récemment revendiquée par les Ragers, un gang réputé pour autre chose que pour sa finesse… Drôle de lieu pour un échange de données, non ?

Johnson semblait pétrifié, comme s’il prenait connaissance de cette information pour la première fois.

- C’est… pour ça que je vous ai engagé, lâcha-t-il enfin.
- Vous avez fait le bon choix.

Par réflexe plus que par précaution, Tobbias lança une REG (Requête d’Etat Général), testant chacun de ses implants et fonctions corporelles dont le résultat lui revint instantanément en retour. Tout était ok. Il se trouvait dans des conditions optimales et pourrait répondre efficacement à toute menace.

Wow ! Interface Neuraflash 2.0 - Universal Omnitech,Accélérateur de signal HighRise-B de chez Spinrad, le tout orné de cyber-membres dernier-cri sortis des usines de Mitsuhama … ça c’est pas du câblage de tarlouzes. Putain, ils vous avaient vraiment gâté, hein ?

Jimmy était revenu. Jimmy de Soto, son ex-officier et ami de l’unité Delta-6. C’était l’unité que commandait Lookid, ou Capitaine Tobias Louis Saint-Acre de son vrai nom, lorsque elle fut littéralement anéantie dans la jungle proche de Caracas, pendant El Rebelión, l’insurrection des forces nationalistes et indépendantistes vénézuéliennes ressuscitées, en lutte contre l’oppresseur Amazonien, et officieusement soutenue par le gouvernement des UCAS. Quelques minutes avaient suffit à cette « chose » inhumaine et inconnue pour exterminer l’intégralité de son unité, Jimmy compris.

Dommage que vous n’ayez pas su vous servir de tout ce matos à temps pour sauver Delta-6, hein, Capitaine ?

Ayant quitté le corps des Marines suite à ce qui fut qualifié de «regrettable échec de mission » par le Colonel Walter Gabreski (l’insurrection avait été matée dans le sang et les flammes par les forces amazoniennes et les dissidents envoyés dans les camps de réhabilitation éveillée de Manaus), Tobias vivait depuis ce jour avec les hurlements de ses hommes, les images de corps arrachés dans son esprit… Et Jimmy.

C’est con, ça aurait pu éviter à beaucoup de gamins comme Jenny de ne pas devenir orphelins.

Tobias commença à boire, et c’est son couple qui s’effondra. La mère de sa fille, refusant de porter à bout de bras la loque qu’il était devenu, demanda le divorce et signa, par la même occasion, la disparition des dernières traces d’estime de soi de son ex-époux. Jimmy, par contre, ne le quittait jamais.

Enfin, l’erreur est humaine, comme on dit… même quand elle est câblée , je suppose. Pas vrai Saint-Acre?

Peut-être ne le quittera-t-il jamais ?

Vous bilez pas capitaine, je suis sûr que ces mômes ont été fiers de leurs papas et mamans déchiquetés pour la patrie et offerts en pâture à la faune de la jungle, par négligence de leur supérieur.

- Hey !... Lookid !... Vous m’écoutez ?

La voix de Johnson le ramena à la réalité. Il referma le gouffre de ses pensées instantanément. L’icône d’InfoGrid indiquait qu’ils étaient à moins d’une minute de la destination. Il alluma son système Smartlink qui se connecta immédiatement à son Predator IV. Il décida d’ignorer la question de son passager.

- Nous sommes bientôt arrivés. A partir de maintenant et jusqu’à la fin de ma mission, au moindre ordre que je donne, vous obéissez. Compris ?
- Euh…Compris…
- Parfait. Je tiens à vous ramener en vie.

*********
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Phil

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MessageSujet: Re: Intros, et mises en lumière des protagonistes...   Intros, et mises en lumière des protagonistes... Icon_minitime02.01.11 20:42

1. Meet me in Hell


C’est le grincement plaintif de la tuyauterie qui réveille Aggripas en cette froide soirée de février. Mal au crâne… Mal aux cornes. Non pas que ce soit la première fois, mais le jeune minotaure sentait qu’il avait très mal dormi. Pas de cauchemars, ni de rêves agités pourtant. Manifestement, l’encéphalon qu’il s’était fait implanter récemment, en plus de gérer toutes les tâches routinières de sa vie, veillait soigneusement à trier les informations de son subconscient et les traiter comme de vulgaires flux de données redondantes voire carrément défectueuses. Non, c’était comme s’il était jeté dans le néant, seul être conscient dans le vide absolu, condamné à une non-vie dénuée de sens pour l’éternité… Mauvais délire…Il régla immédiatement le filtre neural du processeur cortical en désactivant le correcteur d’ondes alpha, puis se hasarda à ouvrir les yeux. Il pleuvait dehors et vu les traînées grasses que laissent les gouttes sur le carreau, l’alerte aux pluies acides n’avait certainement pas dû être levée. Les murs nus et blafards de sa chambre lui donnèrent le cafard et en une pensée, Aggrip alluma son commlink cybernétique, donnant immédiatement vie à tout un monde de couleurs, lumières, sons et odeurs synthétiques, mais pourtant bien réelles. Son monde. La chambre aux murs sales des Redmond du minotaure devint immédiatement le palais royal qu’il avait modelé pixels après pixels durant d’innombrables nuits d’insomnie. C’était son rituel du matin à lui, le libérant instantanément de toute angoisse naissante. Comme le ferait un rail de novacoke avec l’effet down en moins… enfin, le pensait-il. Alors que l’odeur de café et de pain frais se dégage des fourneaux du château (lui faisant presque oublier le soycaf à la couleur et à la saveur improbable en train de gouter de sa vieille cafetière de récup), trois hommes entrent dans la pièce, saluant Aggripas comme leur souverain. Il s’agit de son Contre-maître/programme de maintenance domotique, un homme d’âge moyen, au visage rougeaud, épais et ramassé ; son Chambellan/gestionnaire d’emails et utilitaire financier, un vieil homme vêtu de riches robes de soie et enfin son fidèle Chevalier/contre-mesure d’intrusion, en haubert de mailles, son épée pendant à sa ceinture.

- Bonjour à vous, Sire ! dirent-ils tous les trois en chœur.

Le Chambellan s’avance et présente l’habituel parchemin, détaillant l’état du « Royaume » et les dernières activités depuis les 12 dernières heures.

Ecoutant d’une oreille distraite leurs conclusions, le jeune hacker leur verbalise machinalement quelques ordres, tout en repensant à cette nuit. Putain, quelle nuit ! Une des meilleures sessions depuis que lui et son pote « Porno » avaient ouvert The Pit, la nouvelle arène digitale clandestine pour amateurs de sensations. Ni lui ni Porno ne s’attendaient à un tel succès… Aussi rapide. C’est vrai que les « services proposés » étaient à l’image de la société de cette fin de 21ème siècle : de la baston virtuelle en hot sim, donc pas si virtuelle que ça, no limit à la rage, aux pulsions primaires, à l’adrénaline du combat, au plaisir de la douleur infligée ou subie, l’émotion de la victoire ou de la défaite. Porno et lui n’avaient édicté qu’une seule règle : No (black)Hammer no Killer. Ce n’était pas une question d’éthique, c’était juste pour ne pas attirer l’attention de la flicaille. Si les gens continuaient d’affluer, il faudrait certainement qu’ils pensent à coder quelque programme de sécurité… Enfin, en ce qui le concernait, Aggripas aurait tout le temps d’y penser, pendant ses prochaines nuits blanches. Note pour plus tard…

Pour l’instant il essayait d’émerger et alors que ses trois serviteurs disparaissaient dans un fondu-enchaîné, vaquant à leurs occupations et exécutant les commandes de leur roi, l’espace physique du minotaure s’illumina d’une bonne vingtaine de fenêtres, toutes ouvertes sur les forums de gamers et de discussion qu’il fréquente en permanence.

Mais que serait une journée sans jouer à Miracle Shooter ? De la merde de Wendigo ! Tout en répondant aux dizaines de forums et suivant plus d’une quinzaine de conversation simultanément, Aggripas entre les passwords de son profil hacké (il était hors de question pour lui de donner plus de fric encore à Horizon, pas plus qu’aux autres corpos quelles qu’elles soient, telle était le mantra du hacker qui se respecte) et reprendre sa partie laissée la veille au soir. Il redevenait tous les jours, plusieurs fois par jour et par nuit, « King of Dope » un Sniper Astral/Chevalier Cabaliste niv 88/75 et rejoignait ses compagnons de guilde, pour défier virus manas, esprits de l’underground vénusien, cyborgs désincarnés et autres menaces planétaires, ou tout simplement provoquer une guilde adverse et prendre plaisir à l’anéantir jusqu’au dernier. un mail arrivé dans sa boîte privée envoyé par un certain Hope Slayer attire ton attention. Très lapidaire mais efficace :

« Meet me in Hell. 20:30 ».

Un rapide tracking de la piste matricielle de l’auteur du message débouche sans grande surprise sur le nœud du supermarché Stuffer Shack de ton quartier. C’est ce que Aggripas faisait pratiquement tout le temps pour anonymer ses runs « courants » et peu dangereux sur la Matrice. Ceci lui fit penser qu’il faudra qu’il se trouve d’autres backdoors dans les environs : les siens commencaient à être trop connus et à la mode apparemment… Note pour plus tard…

Il connaissait « L’Enfer » où lui a donné rendez-vous le « Pourfendeur d’Espoir ». C’est un bouge miteux fréquenté par tous les toxicos en fin de vie des quatre blocs adjacents au sien. Il essaya de rassembler ses rarissimes souvenirs du lieu-dit, non sans une grimace, tout en plongeant sa main dans un vieux paquet de chips au krill. En face de lui, apparut Shina Do-it-better, la Prêtresse du Code/Cyber-Psionique 116/99 de leur guilde, tout sourire, le saluant en s’approchant pour le prendre dans ses bras, libérant alors dans l’air de son palais un délicieux parfum d’encens et de jasmin.

« - Hoi my dear ! C’est cool de t’revoir ! Alors, ready pour se farcir La Faille d’Outre-monde ? »

Il lui restait 2 bonnes heures avant le rendez-vous au Hell. C’est largement ce qu’il lui fallait pour farmer et botter le cul de quelques Liches-borgs Radioactives…


2. Entretien avec un vampire



20h31. Aggripas sonne à la porte de l’Enfer qui s’ouvre quelques secondes après. Le cerbère, Luigi de son prénom, un vieux troll mafieux ex-liquidateur qu’il connaissait de vue, le laisse entrer en lui jetant un regard éteint. Passant le seuil de la porte, il plongea alors dans un aquarium de fumées hallucinogènes, se mouvant, comme un vautour géant, au dessus des clients du bar, rares formes humanoïdes toutes à moitié raides, le tout baigné dans une lumière laborieuse de quelques spots fluo. Sa vision s’accoutumant difficilement à l’endroit, Aggripas entendait les percussions frénétiques d’un vague morceau d’afro-flash, martelant de son tempo inhumain le cerveau déjà fractalisé des clients-zombies affalés sur leurs divans en simili-cuir et souriant aux anges de la défonce. Décidé à ne pas moisir dans ce vide-ordure pour humanités, le jeune minotaure commande rapidement une bière au serveur (ou serveuse, il n’arrivait pas à en déterminer le genre) et s’installa à l’une des tables de la petite salle.

20h34. La porte d’entrée s’ouvre à nouveau, laissant filtrer la lumière froide de la rue. Une silhouette, petite et ramassée, se dessine. Un nain, coiffé à l’iroquoise, s’engage alors dans le bar. Scannant rapidement la salle et la clientèle, il remarque aussitôt Aggripas et se dirige vers lui. Une fois à son niveau, il put remarquer la blancheur presque maladive de sa peau, son teint manifestement ravagé, et la corpulence anormalement légère pour un nain. Il lui semblait l’avoir déjà rencontré, mais avait du mal à déterminer où et comment : une paire de lunette-masque lui couvre la moitié du visage, et sa barbe teinte de plusieurs couleurs criardes l’autre moitié. Si ses souvenirs étaient bons, le dwarf était un « Pusher-Bob » dealer de quartier affilié au au Yak ou la Mafia. Peut-être mêmes les deux en même temps…

- Hallo mec ! ça gaze ? lançe le nain avec un accent allemand à couper au couteau en rabattant le réhausseur de banquette et s’asseyant dessus.

- Pas mal, merci. Lui répond Aggripas, en tâchant de dissimuler son impatience de sortir d’ici.

- Sympa d’être venu…dit-il d’un ton parfaitement neutre et détaché. J’ai entendu parlé de toi, mec. Le Minos de la ‘trice !.. fit-il d’un sourire narquois, dégageant certaines de ses dents taillées en pointes. Hey ! Tu sais qu’j’avais jamais approché un minotaure d’aussi prêt, mec ! Si y’avait pas toute cette putain de fumée, j’nous prendrai en photo, mon pote.

Aggripas ne souleva pas, et se contenta de remettre machinalement son anneau nasal.

- J’ai un deal à te proposer, poursuit le nain.

- Raconte

- Un job pépère : une filature. Cette nuit. J’veux du propre et du discret.

Le hacker réfléchit une seconde. Sa gueule de vieux patch de Nu-LSD usagé ne l’inspirait absolument pas. Mais son Chambellan l’avait averti pas plus tard qu’il y a deux heures des risques imminents de banqueroute si les recettes du Royaume n’augmentaient pas significativement dans les prochains jours. L’achat récent de son drone avait été une folie, il le savait, et son pote Gob, l’autre associé d’ « Electronic Reborn » la petite affaire de dépannage mécanique et matricielle en tout genre qu’ils avaient lancé il y a peu, aussi. Gob lui avait d’ailleurs reproché cet achat « en traitre » et son coût prohibitif, fût-il acquis au marché noir… juste avant de s’extasier sur les performances de ce petit bijou de technologie, et de rire comme un gosse en découvrant une à une ses capacités sur la notice RA.
Mais aussi étrange que ça puisse paraître, l’ersatz de nain qu’il avait en face de lui apportait non seulement un début de solution à leur problème de fric mais également une occasion de voir dal vivo ce que cette bestiole mécanique avait dans le ventre.

- Tu peux m’en dire plus ? dit Aggripas en croisant les bras et prenant son expression la plus intimidante qu’il avait à son répertoire.

- Tu marches pour le deal ?

- Ouais.

Le son de sa voix frôlait volontairement le beuglement bovin. Ça faisait toujours son petit effet. En l’occurrence, grâce à cela, il venait apparemment de sortir un junkie de son coma psychédélique.

- Gutt, acquiesce le nain, en dépolarisant le verre de ses lunettes, laissant entre-apercevoir des yeux blancs sans pupilles, cernés d’années d’excès chimiques en tout genre. Le pigeon s’appelle Mains-Rouges. Il est d’origine Salish.

Après avoir accepté le fichier que le nain lui envoya par commlink, la photo d’un énorme et robuste indien d’origine d’une trentaine d’années apparut alors dans son champ de vision. Un visage coupé à la serpe, de longs cheveux lisses et noirs, un regard qui semblait n’avoir jamais connu le rire, un monstre humain fait de muscles et de nerfs. Inconnu au bataillon. Le minotaure lança par réflexe une recherche matricielle. Sans succès.

- Un de mes fidèles consommateurs, poursuit la demi-portion. Et pas un p’tit joueur. Il doit arroser toute sa putain de tribu, l’pow-wow.

Il marque une pause alors qu’il s’allume une cigarette, et tire une longue taffe. Ses yeux se plissent et son visage prend alors des traits bizarres. On dirait un harlequin toxique proche de l’overdose.

- Le problème c’est qu’le mec a stoppé toute commande depuis 2 semaines. Nichts mehr.

- Tu peux pas t’en trouver d’autres ? dit Aggripas en se retournant pour faire face à la clientèle du bar.

- C’est pas l’type qui m’intéresse, mais chez qui il raque maintenant. Il consommait vraiment beaucoup et tout le temps pour pouvoir arrêter du jour au lendemain. Et il est toujours dans l’coin. Ça, j’suis sûr.

- Ok, mec. Qu’est-ce que tu veux de moi ?

- J’veux que tu le suives toute la nuit. Un de mes contacts ma dit qu’i’ va s’pointer au Bas-Fond vers 23h30 ce soir. Et c’est là que tu entres en piste, mein Freund. Avant 23h30, je l’gère. J’veux qu’du moment où il pointe son putain de cul chromé dans l’bar tu l’pistes et tu enregistres tous ses faits et gestes, où il va, les gus à qui il parle, les putes qu’il lèche, tout. J’veux tout savoir.

- Tu payes combien ?

- 2000. Tu les auras quand tu m’auras fait l’rapport, champion.

- Créditube ?

- Ja… ou dope…j’ai ce qu’il faut ; dit-il en dévoilant un sourire carnassier vaguement dégoutant, vaguement ridicule.

- Je laisse ça aux pros comme eux… ; répondit le minotaure alors qu’un des clients tomba littéralement du siège au comptoir où il était assis.

Le nain reste silencieux, le sourire lui déformant toujours la mâchoire, alors qu’il repolarise ses énormes lunettes réfléchissant doublement le reflet cornu du jeune hacker.

- J’t’appelle quand j’ai fini l’boulot ; lança ce dernier en se redressant.

En sortant du Hell, Aggripas est presque content de retrouver la pluie acide. S’enfonçant dans son manteau et réactivant son PAN, il positionne instantanément la myriade de fenêtres RA autour de lui. Se loguant sur « Trog-alicious », sa radio préférée, il reconnait tout de suite « Gun in my pocket and happy to see ya », le dernier tube de Nago, son groupe de Gob Rap fétiche.
La pluie redouble d’intensité alors qu’il s’engouffre dans son Bulldog. Il démarre en trombe, sous les refrains rageurs des rappeurs orks west-coast, s’enfonçant dans la nuit qui promet d’être longue.

3. Putain de ville

23h15 : Son entrée dans les Bas-fonds passe presque inaperçue. Se baissant un peu, la tête en avant, il pénétre dans une immense salle plongée dans la pénombre, éclairée à l’aide de quelques petites lampes prenant la forme de bougies en RA. Quelques haut-parleurs crachent une musique indéterminée faite d’infra-basses, de percussions et de voix rauques, certainement choisie par Jebbilah aka Jeb, un afro-américain massif connu pour ses talents magiques et ses rites vaudous, et aussi l’un des deux patrons du lieu. Quelques têtes se tournent à l’arrivée du jeune hacker, certains le toisant plus longuement que d’autres. Même si on voit de tout dans les Barrens, un minotaure, fût-il maigrelet, reste toujours impressionnant à regarder.
Feignant la décontraction, il commande une bière à l’homme-rat en capuche étant apparu dans son champ de vision RA. Tout en énonçant rapidement sa commande, Aggripas apprécie le travail de codage de l’agent-serveur plutôt bien fait. On sait y faire avec les programmes dans le coin, apparemment. Dans un glapissement digitalisé, l’homme-rat confirme la transaction et détale, pour disparaître derrière le comptoir. Choisissant une table te donnant l’angle de vision le plus large, il jette un œil sur la fenêtre de contrôle vidéo de son drone, ouverte en permanence dans un coin de son PAN, espionnant toute entrée et sortie du bar. Il prend une grande inspiration, mais n’arrive pas à calmer le rythme anormalement élevé de son cœur. Après tout, c’était un de ses premiers runs, voire son premier vrai run, si on ne comptait pas les différents « services » matriciels qu’il rendait de temps en temps aux amis d’amis, ou encore les fausses ID ou badges officiels qu’il délivrait parfois moyennant finance.

« Un job pépère » lui avait dit le nain teuton. Il n’y a certainement pas de raison pour que ça soit autrement…

23h35 : Il vient de finir sa deuxième bière synthétique et regarde distraitement une vieille trideo de Maria Mercurial qui tourne au milieu de la salle tout en chattant avec un pote gamer de Néo-Tokyo, quand un message d’alerte provenant de son drone le sort de sa torpeur.

« Cible potentiellement localisée… Taux de fiabilité = 78,6 %... Attente confirmation pour lock-on »

Faisant immédiatement zoomer le drone sur l’individu en question, Aggripas ne peut que confirmer, il s’agit bien de Mains-Rouges : même gueule brutale et taciturne (arborant ce soir des peintures de guerre, qu’il n’avait pas sur la photo), même chevelure longue et noire, même carrure impressionnante. Il porte des vêtements néo-tribaux de cuir noir, rehaussés d’un insigne dorsal ressemblant à deux tomahawks croisés. L’homme se dégage de sa Harley, largement customisée et décorée elle aussi de motifs tribaux, qu’il vient de garer, et s’approche des Bas-Fond d’un pas lourd. Le pas d’un homme sûr de lui, le pas d’un homme qu’on hésite à déranger. Le hacker remarque alors deux gangers, assis sur leurs motos, de l’autre côté de la rue, ayant également remarqué l’indien et semblant parler de lui.

Fermant toutes les fenêtres de discussions et ne gardant active que celle de son drone, le minotaure le voit finalement entrer dans le bar. En réalité l’indien est encore plus massif et intimidant, et Aggripas n’arrive pas à réprimer le frisson qui lui court aussitôt le long de la colonne vertébrale. Alors qu’il se dirige vers le bar, le hacker note immédiatement à sa ceinture un tomahawk et deux petits paquets filasses et informes. Une certaine tension nait dans le bar à son arrivée, qui se dissipe, en apparence seulement, lorsque Mains-Rouges commande à boire et se met à brancher une pute attendant le chaland au comptoir.

« Get ready ! » se dit Aggripas à lui-même

Le commlink de l’indien est en train de ghoster, mais il ne faut que quelques secondes au minotaure pour en localiser le signal, suite à quoi il exécute son Sniffer pour intercepter toute communication en cours, même s’il se doutait que la seule conversation que Mains-Rouges était alors en train de mener était destinée à la prostituée qui se laissait toucher en souriant. Après une rapide vérification, aucun programme de cryptage n’était à signaler. Joe l’indien semblait être confiant. Un bon point pour le hacker.

23h45 : Mains-Rouges est en train de franchement tripoter la demoiselle qui rit à pleine gorge quand Aggripas aperçoit deux individus entrer dans le bar. L’un est un asiatique, plutôt petit et mince, crâne rasé sur un côté orné d’un tatouage de dragon, des lunettes de soleil, une veste en cuir, un pantalon style treillis. L’autre semble être un amérindien d’origine, lui aussi, mais vêtu de façon beaucoup moins ostentatoire que son congénère que le hacker est en train de filer. Les deux scannent la pièce du regard, prennent commande à l’homme-rat et s’asseyent dans un coin peu éclairé.
Quelques secondes après, le Sniffer du minotaure retranscrit un message, celui que reçoit au même instant Mains-Rouges :

- J&khER5##%£A?0024as46

Grâce à la vitesse de calcul de son commlink cyber répondant à la moindre de ses pensées, Aggripas parvient à exécuter son Decrypt avant l’envoi de la réponse de l’indien, qui s’afficha quelques millièmes de secondes plus tard.

- Yep !

Fuck !… Espérant que le reste de la conversation soit plus explicite, si tant est que la conversation se poursuive, Aggripas continue d’assister à la scène en faisant mine de s’intéresser aux ébats tridéo de Mercurial en sirotant sa bière. L’indien Samouraï se dégage de la prostituée, s’accoude au comptoir, tournant pratiquement le dos aux deux nouveaux arrivants et fait signe au barman de remettre la même chose à lui et la jeune femme.

- UNKSHABA-4389XB71LTR-50KP269AQ9, reçoit Mains-Rouges.

Got it ! Aggripas reconnait cette ID… UNK pour Unknown, SHA pour Shadow et BA pour Bank, dénomination courante pour un compte anonyme temporaire. Il y en a des centaines d’autres bien sûr, et il les connaissait bien. Il s’agit d’une méthode courante pour les transactions illicites en tout genre en 2071, méthode qu’il utilisait d’ailleurs lui-même systématiquement pour ses (trop rares) « clients ». A l’heure qu’il est, le virement a déjà dû être validé par l’indien. Aggripas pourrait en savoir plus et s’introduire dans le link de Mains-Rouges pour connaître le montant et l’objet de la transaction, mais il préfère, même si ça le démange, ne pas s’exposer tout de suite et attendre comment va évoluer la situation, quitte à faire joujou avec les archives du mohawk un peu plus tard.

Presque au même instant, l’asiat se lève et se dirige vers les chiottes, alors que Mains-Rouges se remet à parler à la jeune femme, qui recommence à rire de plus belle.
Une minute après, l’asiat sort des chiottes et sans jeter le moindre regard à Mains-Rouges, retourne à la table où l’attend son compère.

Mains-Rouges laisse alors la prostituée et va à son tour aux chiottes. Entre-temps les deux compères se lèvent et sortent du bar, occasion que saisit le minotaure pour faire faire un zoom à son drone sur chacun des deux visages et en extraire deux photos qu’il télécharge dans la mémoire de son ‘link.

Trois bonnes minutes après, Mains-Rouges sort des toilettes, s’arrête un moment sur le seuil, et commence à sourire. Un sourire de prédateur, un sourire d’assassin. Aggripas ressent imperceptiblement la crainte viscérale instinctive ressentie lors de son entrée dans le bar.

L’indien retourne au comptoir et se jette littéralement sur la fille et la palpe avec une insistance et une brutalité anormale. Celle-ci se laisse plus ou moins faire au début, mais ayant compris que l’indien est en train de la malmener et de lui faire mal, elle essaie de se débattre en l’insultant, et commence à hurler. Un client pas très loin de la scène se lève et essaie de les séparer, mais avant même qu’il tente quoi que ce soit, ce dernier se reçoit l’avant-bras (de la taille d’une cuisse, et avec la rapidité d’un bon câblage) de l’indien en pleine face et, dans un craquement lugubre, s’écroule net.

En une fraction de seconde, Jeb, l’afro-américain de deux mètres, se lève de son divan au fond du bar où il discutait avec quelques personnes, et ordonne d’une voix bizarrement forte et grave, à Mains-Rouges de dégager de son bar. L’air semble se densifier et l’espace entre les deux hommes se distordre légèrement. Plus aucun son ne semble audible dans la salle, et même la musique semble avoir diminué d’intensité, pendant quelques instants. L’indien lâche le bras de la jeune femme. Celle-ci s’éloigne du samouraï, non sans le gratifier d’un coup de talon aiguilles en l’insultant d’une voix hystérique.
Mains-Rouges, respirant de manière forte et rapide, paraît lutter à grand peine contre ses pulsions agressives, crache par terre et prend le chemin de la sortie.

« C’est là que la partie commence » se dit le jeune hacker en prenant une grande inspiration.

Basculant sa vision sur celle du drone, Aggripas voit Mains-Rouges sortir du bar et se diriger vers sa Harley. Alors qu’il enfourche sa moto, les deux gangers, devenus trois entre-temps, le désignent du doigt. Mains-Rouges démarre, sans avoir remarqué leur présence, et part en toute trombe, suivi presque immédiatement après des trois motards.

Le hacker ordonne instantanément à son drone de suivre la cible à distance de senseurs et le mini-rotor commence à tourner, élevant doucement la machine dans les airs. Il note que le niveau du signal est particulièrement faible, certainement à cause de la pauvreté du maillage wifi de la zone. Pas le temps de risquer la fausse note, il décide donc de suivre à distance raisonnable son drone afin de pouvoir conserver une qualité de signal correcte, et de le dégager plus facilement de toute situation périlleuse le cas échéant. Laissant le bar retrouver une ambiance relativement normale, le minotaure se presse vers son van, garé non loin de là. Le feedback vidéo du drone est toujours actif, et après avoir pris un peu d’altitude, se recadre très vite sur les quatre hommes.

0h26. Mains-Rouges est très vite pris en chasse par les gangers sur une avenue mineure des Barrens, qui tentent une approche d’intimidation en essayant d’encadrer le samouraï avec leur trois motos et tenter de faire crasher la Harley. Malheureusement pour l’un d’entre eux, l’indien empoignant son tomahawk, le jette sur le ganger qui reçoit la hache de guerre directement en pleine poitrine. Dans un hurlement le motard touché perd le contrôle de son véhicule, qui tangue alors dangereusement pour finalement se coucher sur le bitume. Son compère l’évite de justesse et hurle de rage à la mort de l’indien.

Mains –rouges, dans un coup de frein subit, met sa Harley en travers de la route et dégaine deux flingues de sa longue veste en cuir, évitant facilement, grâce à son câblage, les lames implantées du troisième ganger tentant de le faucher au passage.

Les rares passants de la zone ayant complètement disparu en quelques secondes, la rue est désormais déserte. Tendant les bras vers les deux hommes qui, ayant fait eux aussi demi-tour, foncent déjà vers lui, Mains-Rouges décoche au même instant deux tirs semi-automatiques, touchant les motards de plein fouet, et leur faisant perdre le contrôle de leur moto et s’écraser tous les deux sur le bitume dans un craquement sinistre.

0h28. Mains Rouges se dégage de sa moto et se dirige vers les corps agonisants des gangers. Arrivé à leur niveau, il reprend son tomahawk et, dans une brutalité à glacer le sang, enchaîne les coups de hache, sans aucune précision, de la façon la plus sauvage qui soit, taillant les chairs comme s’il s’agissait de vulgaires pièces de viande. Alors qu’il est en train de s’approcher à distance convenable du lieu de la scène, Aggripas aperçoit avec horreur le sourire dément de l’indien alors qu’il poursuit son horrible office, le sang qui gicle et l’éclabousse ne faisant qu’augmenter son plaisir.

Une fois les gangers réduits en charpie, l’indien sort un couteau tribal de son fourreau et les scalpe un par un, accrochant les bouts sanguinolents de chair à sa ceinture, pour enfin cracher sur les cadavres de ses victimes.

0h34 : Le samouraï, se redresse finalement des corps inertes et ravagés des trois gangers, lorsqu’une sirène se fait tout à coup entendre. Le minotaure ajuste la vision du drone pour avoir une vue plus globale de la scène, et voit alors un van blindé de la Lone-Star en approche. Ce détail l’étonne en même temps qu’il l’inquiète : dans cette partie des Barrens, les flics ne s’aventurent jamais sans bonne raison, et s’ils le font, ils ne le font jamais avec une seule patrouille. Le reste de l’armada doit donc être soit en marche, soit postée ailleurs. Et ce qui l’inquiète le plus, c’est la raison de leur présence ici…

Mains-Rouges ne semble pas avoir les mêmes angoisses à leur égard, et calmement essuie son couteau, toujours avec le même sourire et le même regard dément alors que trois flics descendent du van, armés de fusils mitrailleurs et vêtus d’armure, lui ordonnant de lever les mains en l’air et de se mettre à genou immédiatement…

Aggripas gare son van à quelques blocs de la scène, les battements de son cœur se font de plus en plus forts et l’adrénaline et la peur se mélangent dans une sensation étrange d’excitation malsaine.

A cet instant précis, ne sachant pas pourquoi, il pense alors à son frère, qui lui avait dit le jour où il avait définitivement quitté la maison en parlant de sa vie de gang :

«Contrairement à toi, y’a rien d’virtuel dans ce que je fais, fréro. C’est la vraie putain de vie, dans cette vraie putain de ville ! »

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Phil

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MessageSujet: Re: Intros, et mises en lumière des protagonistes...   Intros, et mises en lumière des protagonistes... Icon_minitime09.05.11 10:41

https://www.youtube.com/watch?v=xE0UA8RREX4


Mars 2071, voilà bientôt deux mois que Seattle semble danser un étrange Tempo. Danser… ou plutôt convulser, oui… « A chaque génération, sa dope », dit le vieil adage. Celle-ci semble tout rafler en tout cas : clubbers, artistes, cols blancs, ado et squatters, tous rejoignent cette nouvelle armée d’hallucinés qui intrigue plus que n’inquiète. Eternelle soupape d’une humanité condamnée ? Nouveau piège corpo à l’égard de ses loyaux sujets ? Difficile à dire. Et puis, au fond… à quoi bon le savoir ?

Le Tempo est en train de retourner le mégaplexe comme une vulgaire pièce de monnaie. Rien ne va plus, mais les jeux sont loin d’être faits. Les prétendants au pouvoir sont légion et ils ne renonceront devant rien. Surtout pas devant la violence et les massacres. Le sang recommence à couler, si tant est qu’il ait seulement cessé un jour. Chacun choisit son rang, chacun retrouve son rôle de pion… prêt à broyer pour être broyé à son tour… L’homme est un loup pour l’homme, ouais… Mais qui ne le serait pas face à une telle pourriture… Allez, venez-vite ! Mesdames, messieurs, prenez place ! L’absurde Comédie Humaine est sur le point de reprendre et de nous jouer, encore et toujours, sa farce la plus sinistre. Demandez le programme ! Il y en aura pour tout le monde. Peut-être même plus qu’il n’en faut d’ailleurs. Ça y est ! Attention ! Le rideau va se lever ! Entendez-vous les fameux trois coups !… Bang ! Bang ! Bang !

Les autorités ne semblent pas s’inquiéter outre mesure de ce que d’aucuns prennent pour un nouvel effet de mode populaire. Mais en est-il de même pour tout le monde ?

Yasmine, perdue, piégée, se mesure, malgré elle à des forces qui la dépassent. Elle se protège, se barricade même, comme pour recroqueviller son corps immense, dernier rempart contre la folie. Celle des hommes, bien sûr, mais aussi et surtout la sienne. Elle a beau retourner les données du problème encore et encore, tout converge en la même issue fatale. Peu importe, essaie-t-elle de se convaincre, si sa mort peut provoquer ne serait-ce qu’une étincelle de lumière dans l’esprit de ses Frères.

Christina, nouvelle Eve chassée de son Paradis californien, se débat de toutes ses forces dans les sables mouvants qui constituent aujourd’hui son quotidien. La blancheur innocente de sa peau est désormais maculée de sang. Le sang de la douleur, le sang de la colère, le sang de la vengeance. Cendrillon a cessé d’attendre, son prince a chaussé le pied d’une autre de toute façon. Elle ne craint plus les douze coups de minuit, au contraire, le bal ne fait que commencer.

Lookid, lui, joue les funambules sur le fil de son destin. Il ne craint pas pour sa vie, pourtant. Ça fait bien longtemps qu’elle a perdu toute espèce d’importance à ses yeux… Ainsi qu’aux yeux de qui que ce soit d’ailleurs, se dit-il souvent. Son cœur, froid comme le chrome, gravé à jamais par la cupidité de son époque, ne continue de battre que pour deux seuls êtres. Les deux femmes de sa vie… ou plutôt de sa dernière vie, il ne sait plus trop vraiment.

Nathan, la nouvelle recrue new-yorkaise, est bien décidé à percer. Que ce soit dans le métier ou dans les chairs. Tranchant comme une cyberlame, précis comme une nanocolonie, efficace comme le monofilament, le jeune homme se mure souvent dans un lourd silence, comme s’il prenait, tel un triste caméléon, la couleur de toute la détresse du siècle dernier. Le désespoir résigné de générations passées, présentes et bien sûr de toutes celles à venir.

La cité Emeraude semble sur le point de perdre son dernier éclat. Alors que de plus en plus d’âmes répondent à l’appel des sirènes narcotiques, une nouvelle guerre majeure se prépare dans l’Ombre. C’est la course à l’armement, au pouvoir, à la mort. Les factions se mobilisent, se provoquent, se haïssent, se préparent à ce que certains appellent déjà le « Grand Chaos ».

Plus que jamais, leur destin est entre leurs mains. Ces mêmes mains qui ont déjà tué. Quel rôle vont-ils jouer ? Sur quel pied vont-ils danser, eux aussi ? Et surtout… À quel Tempo ??

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